Triomphe des Lumières ou apologie du néolibéralisme ?

« Les philosophes qui sont confortables estiment que le progrès humain est arrivé à son terme ou est en bon chemin. Ils se croisent les bras et ils s’installent dans la paix du dimanche. Plus de travail sur la planche. Ils méditent dans le repos du septième jour. Tout n’est-il pas fait ? Les ancêtres n’ont-ils disposé le monde aux mieux des hommes ? Il ne reste plus que des compléments, que des embellissements, que la dernière main à mettre. […] Ils reparlent des progrès, des pouvoirs, des promotions de la Raison. Ils annoncent prophétiquement le développement pacifique de la conscience, l’enrichissement spirituel de la personne humaine, l’accomplissement de la Justice à l’intérieur de l’Homme et au sein des sociétés. » – Paul Nizan, Les Chiens de garde [1]

Dans un précédent billet, j’ai entamé une lecture critique de l’ouvrage Le Triomphe des Lumières de Steven Pinker [2]. Je me suis attaché à analyser le discours de l’auteur sur le plan de la validité de la démonstration, en faisant autant que possible abstraction des valeurs défendues. Cette critique des arguments me semblait un préalable nécessaire1 avant d’aborder plus frontalement la question de l’idéologie dans le discours de Pinker.
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Études observationnelles et fausses corrélations : le paradoxe de Berkson

La période de crise sanitaire actuelle est marquée par un regain d’intérêt pour l’analyse de données épidémiologiques. Elle a porté sur le devant de la scène médiatique certains concepts clés de l’expérimentation scientifique, telle la notion d’essai clinique. De façon liée, on a pu entendre de nombreux appels à la prudence dans l’interprétation de résultats issus d’études observationnelles – c’est-à-dire portant sur l’analyse de caractéristiques d’un groupe de patients et patientes sans aucune intervention particulière de la part des scientifiques (p.ex. l’administration d’un traitement particulier)2. Je voudrais ici insister sur les limites inhérentes aux études observationnelles, en illustrant à quel point il est facile d’obtenir une corrélation fallacieuse entre deux pathologies (ou plus généralement deux conditions médicales) lorsque l’on s’intéresse à des données recueillies chez des personnes admises à l’hôpital.
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